L'Académie de Médecine dit OUI à la vaccination contre l'hépatite B

Il est primordial et urgent de faire cesser cette polémique. A ce jour, aucune étude n'a permis de retenir la responsabilité du vaccin contre l'hépatite B dans la survenue de sclérose en plaques ou d'autres maladies dites démyélinisantes. Il est nécessaire de relancer la vaccination, au risque d'observer une recrudescence de cette maladie gravissime, parfois mortelle.

Lors de son communiqué publié dans le Bulletin 186, l'Académie Nationale de Médecine s'est clairement prononcée en faveur de la vaccination contre l'hépatite B. Selon son Président, le Pr Maurice Tubiana, « il ne faut surtout pas abandonner la vaccination, mais au contraire, la relancer et l'élargir sur une plus grande échelle. Grâce aux campagnes de vaccination, l'incidence de l'hépatite B a diminué. Mais si celle-ci n'est pas entretenue, on pourrait assister à une recrudescence de cette maladie, aux conséquences gravissimes, parfois mortelles. »

Ce communiqué a été motivé par trois actes :

1- « la campagne menée actuellement contre les vaccinations en général et plus particulièrement celle qui concerne l'hépatite B ;2- l'inquiétude et les incertitudes de l'opinion ;3- ses prises de position antérieures en date du 4 février 1997 et du 30 juin 1998 ».

Il précise clairement que " l'intérêt d'une vaccination ne peut s'apprécier que par la comparaison entre son efficacité, son innocuité et ses inconvénients éventuels. L'efficacité de la vaccination anti-hépatite B est certaine, atteignant des proportions égales ou supérieures à 90%. Ainsi, sont évitées des complications tardives de l'hépatite telles que les cirrhoses et cancer primitif du foie.Le lien entre cette vaccination et les accidents neurologiques qui lui sont attribués par certains, fait l'objet de controverses, mais aucune des études effectuées n'a permis de retenir la responsabilité du vaccin. On peut rappeler que l'Académie des Sciences américaines, dans sa séance du 30 mai 2002, a conclu au rejet d'une relation causale entre l'administration du vaccin chez l'adulte et la survenue de sclérose en plaques. Le risque, s'il devait exister, serait tout à fait négligeable par rapport aux risques de l'hépatite B et en particulier celui de cancer du foie. L'arrêt de la vaccination est donc injustifié et ferait courir des risques graves à la population exposée. En revanche, il paraît normal de tenir compte des contre-indications propres à chaque individu comme pour toute vaccination. "L'Académie précise à ce titre que " la vaccination constitue un acte médical de la plus haute importance qui exige un interrogatoire et un examen particulièrement minutieux ".

Les Académiciens, dont le rôle est consultatif et non décisionnel, insistent sur le fait que le risque de sclérose en plaques (SEP) est aujourd'hui écarté. L'incidence de la SEP chez les sujets vaccinés ou non-vaccinés est identique. Lors des précédentes campagnes de vaccination menées principalement auprès des nourrissons et des enfants âgés de 11 à 17 ans, les adultes vaccinés ont également été nombreux, voire plus nombreux. Or les sujets à risques de SEP sont justement les jeunes adultes. Il ne s'agit pas ici de cause à effet, mais plutôt de coïncidence car au final près de la moitié de la population française a été vaccinée, et ainsi contrôlée, il est normal d'observer une plus grande incidence de SEP. La démonstration de cause à effet n'ayant jamais été faite, une polémique tenace est entretenue par un fort lobby anti-vaccination.Par ailleurs, le risque, s'il existe, ne concerne pas les enfants en bas âge, dont le système nerveux n'est pas encore myélinisé. En revanche, la vaccination dure longtemps, mais on ne sait pas si elle perdure à vie, d'où la question de la pertinence d'une revaccination à l'adolescence. En effet, avec le risque de transmission sexuelle, on peut se demander si les adolescents ne pourraient pas rejoindre les populations à risques (toxicomanie, transfusion, transmission fœtale chez la femme enceinte…).

Les Académiciens concluent qu'il serait « dangereux pour la population d'arrêter la vaccination ». Les avantages sont immenses, comparés aux inconvénients d'une maladie mortelle et différée. Les abandonner par peur d'un risque éventuel, si mineur que l'on ne peut réussir à le prouver, ne semble pas responsable. Parallèlement, face aux plaintes qui se sont multipliées ses derniers mois, le directeur général de la santé, Lucien Abenhaim, qui considère également que le vaccin contre l'hépatite B a un rapport bénéfice-risque favorable, annonce une conférence de consensus à la demande du ministre Jean-François Mattéi.

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Source : Les communiqués de l'Académie, Actualité de la vaccination, participation des Prs Gabriel Blancher, Jacques Frottier et Pierre Bégué, mercredi 18 décembre 2001.